Il y avait le bruit des machines, mais aussi celui des allées et venues du personnel à l’extérieur de sa chambre, des brancards glissant sur le sol en lino, des voitures qui passaient en contrebas. Le son de son propre souffle sifflant. La lumière était principalement synthétique, aucun rayon de soleil ne passant le barrage des bâtiments urbains pour alléger l’ambiance de sa chambre.

Et il y avait cette latence dans ses mouvements, dans ses pensées qui le suivait depuis son premier éveil, le ramenant toujours dans le sommeil malgré lui. Mais Endeavor le sentait, elle refluait, comme une vague ramenée vers l’océan et avec elle tout ses nerfs recommençaient à s’enflammer. Ça lui permettait de s’accrocher, de sortir la tête du brouillard, de la plonger dans la panic glaciale plus que dans l’ignorance pâteuse.

Tout semblait encore irréelle. Le combat contre All for One, son réveil dans une autre région (un autre pays?), son bras… On lui avait expliqué… à un moment… il ne se souvenait plus où il était, mais il n’était plus au Japon. Où était le Japon déjà ? On lui avait expliqué… Où était Shoto ? Et Natsuo ? Fuyumi était avec son frère chez les réfugiés… Et Rei ? Pareil ? Et Hawks ? Ils se battaient ensembles. Ils avaient faillit gagnés, oui… Il y avait cru. Et maintenant, où était Hawks ? Et… Toya ?


Il resta encore un groggy plusieurs heures dans son lit, regardant la fenêtre avec distance, les pupilles sèches et presque opaques. Plus les minutes passaient, plus il rattrapait enfin le train de ses pensées. Quelque chose l’empêchait d’attraper le bouton pour appeler les infirmier.es, comme une main fantôme sur la sienne qui la serrait, avec une froide fermeté. L’empêchant de l’atteindre, comme si ce bouton représentait un danger. Il décida de prendre encore une petite minute pour chasser ce spectre de peur et appuyer. Pour retrouver sa famille. Toute sa famille.  

Et alors qu’il cherchait à ramasser les morceaux calcinés des derniers évènements, il vit se découper sur le décor urbain une silhouette qui passa tel un éclair. Ses aigles sanguines déployées, inégales mais agiles, des plumes divergeant du reste du plumage et s’élançant comme des éléments indépendants  du reste de son corps. Ses pupilles se dévoilèrent et il lâcha un souffle avorté, la bouche entrouverte. Plusieurs secondes s’écoulèrent et soudain, Endeavor était sur ses pieds, trébuchants et tanguant mais ne ployant pas. Il voulu arracher la perfusion qui se trouvait sur son bras gauche et en tendant sa main pour le faire il ne vit rien. Rien, juste le vide. C’était irréel. Mais pas son problème. Alors il le fit avec les dents et enleva tous les appareillages médicales de sa main fébrile.

Hawks… Il devait le trouver. Tout de suite. Il n’avait pas le temps d’attendre qu’on l’autorise. Non, il était… il devait vite le retrouver. Il respira un grand coup et avança vers la porte en adoptant un visage de marbre.

Dans le couloir il avança comme un patient cherchant à se dégourdir les jambes et ce n’est que la porte de sortie d’urgence passé qu’il se mit à dévaler les escaliers, chutant parfois en se rattrapant d’un coup d’épaule contre le mur avant de continuer. La porte du parking pousser, il se mit à courir dans la rue sans s’arrêter, cherchant une plume pour le guider. Ses pieds nus claquaient sur le goudron et son souffle était court -très court, presque absent- alors qu’il s’enfonçait dans les ruelles sombres.

Il lui fallait juste un signe… juste un espoir. Un éclat rouge lui apparut et il poursuivit la plume jusqu’à une grande artère.